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JO 2024 : pour le compositeur Victor Le Masne, « la pluie fut un personnage-clé de la cérémonie »

Ses yeux, comme sa musique, brûlent d’un feu ardent, pour reprendre la métaphore dont raffole sa flamboyante collaboratrice, la chanteuse Juliette Armanet. Compositeur et arrangeur parmi les plus éclatants des musiques françaises, Victor Le Masne, 42 ans, a mis en notes la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) organisés dans sa ville d’origine, Paris. Une flamme olympique dont l’étincelle, explique-t-il au Monde, fut sa rencontre il y a deux ans avec le metteur en scène Thomas Jolly, à l’occasion de la comédie musicale Starmania, de Michel Berger et Luc Plamondon.
Avec la core team [l’équipe de base], Thomas Jolly, la chorégraphe Maud Le Pladec, l’historien Patrick Boucheron, la scénariste Fanny Herrero et la styliste Daphné Bürki, on se voyait deux fois par semaine. On avait des discussions philosophiques à bâtons rompus sur l’art, la France… J’en sortais gonflé d’inspiration, je fonçais en studio et me mettais au piano, pour ne pas perdre l’émotion de nos discussions. J’ai écrit 90 % de la musique entre février 2023 et l’été 2023. Puis sont arrivés les orchestrations, l’enregistrement de la bande originale avec près de 575 musiciens.
Dès le premier tableau, « Enchanté », on s’est amusé avec les clichés qui font partie de notre patrimoine, en essayant de ne pas tomber dedans. Comme quand on regarde un film de Jacques Demy : tout est tellement pop et acidulé que l’émotion peut surgir. C’est la première fois de ma carrière que je travaille avec un accordéoniste, en l’occurrence Félicien Brut. On a mêlé La Foule, Initials B.B., Paris s’éveille, La Boum, Marcia Baïla… Et puis le French cancan, avec Lady Gaga. Je savais qu’on enchaînerait, sans transition, avec le tableau « Synchronicité », une pièce pour orchestre et mobilier urbain, très exigeante. Puis qu’arriveraient, sans transition, Aya [Nakamura] et la garde républicaine… Derrière cette symphonie de couleurs, il y a beaucoup de jeu et de joie.
Je suis né dans une famille de musiciens, j’ai étudié au conservatoire le piano et les percussions, tout en m’orientant, très jeune, vers le jazz, les musiques électroniques. Avec mon groupe Housse de Racket, à travers mes collaborations avec Juliette Armanet, Philippe Katerine, Kavinsky ou Justice, le goût de l’aventure ne m’a jamais quitté. Je prends autant de plaisir à m’attaquer à de la techno ou à du rap qu’à du mambo ou de la musique symphonique – tant que le ton et l’émotion sont justes, tant que les harmonies et les mélodies me plaisent. Je n’ai pas de frontières. On est venu me chercher pour ça, je crois.
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